samedi 5 décembre 2009

Avant le petit prince : Texte de Sirine S.

Tous les élèves ont dû imaginer des textes autour de la scène, dans Wanted Petula, entre le petit prince et le personnage de Bouli Miro. Dans un premier temps, il s'agissait d'imaginer un "avant" jusqu'au début du dialogue qui commence par "Dessine-moi un mouton"...
J'ai retenu une dizaine de textes. Les élèves devront en choisir deux, qui deviendront le support de leur travail en atelier théâtre. Voici le texte de Sirine S.


Dans un restaurant de la Tour Eiffel.

Ça à l’air très strict, comme si c’était le restaurant du Premier Ministre ; à croire que c’est hyper propre juste parce que c’est le restaurant du monument le plus célèbre au monde. Pas une seule poussière par terre ni aucune tâche, rien. Les seules couleurs du restaurant sont rouge pour les fauteuils et marron pour le reste, avec un peu de blanc à quelques endroits. Pas très cool. Les serveurs n’ont aucun pli sur leur tablier, ils se tiennent droits comme s’ils avaient tous envie d’aller aux toilettes. La seule chose qui les rend aimables, c’est leur sourire (peut-être fait exprès, on ne sait pas).
Mis à part toute cette rigueur et ce soin, cet endroit est plutôt sympa : ces touristes excités qui parlent tellement vite et fort qu’on ne peut distinguer qui vient d’où, et ces clients qui ont l’air à l’aise et contents de manger. Cela donne une ambiance chaleureuse et conviviale.
Apparaît devant une table un serveur en tablier. En fait, autour de cette table sont assis, en train de manger Daddi Rotondo et Améthyste Crappp, Mama Binocla et Jo Moudugenou, tous sur leur 31. Bouli, lui, a préféré garder ses habits où il se sent à l’aise : ses bonnes vieilles baskets, son Tee-Shirt et son jean troué au niveau des genoux. Assez bon début de soirée, si on laisse de côté le look négligé de Bouli par rapport à ce restaurant cinq étoiles.

Bouli : Je ne peux rien avaler. Moi, sans Pétula, je ne veux rien faire. C'est comme vivre sans maman, impossible - et c'est d'ailleurs pour ça que je lui ai demandé de venir, à Mama Binocla. Tout ce que je veux faire, c'est prendre mes jambes à mon cou – même si cela pourrait me faire mal. De toute manière, je ne peux plus souffrir, j'ai atteint mon niveau maximum. Mais ce serait quand même difficile de prendre mes jambes et de les mettre autour de mon cou vu mon physique -, courir, galoper loin d'ici. J'essaye d'échaffauder un plan, je me creuse la cervelle - pas au vrai sens, ça ferait trop mal et je ne pourrais plus réfléchir à propos de ma chérie, ce qui me tuerait encore plus - tout ça pour essayer d'aller chercher Pétula, MA Pétula, celle dont les yeux brillent comme un cabot à la vue d'un os. Si seulement je pouvais être seul, sans Mama, Daddi, Jo et Améthyste...

Daddi Rotondo : Eh bien ! C'est succulent !

Mama : Oui ! Mais dis-moi mon Bouli, tu ne manges rien, toi qui adores les frites...

Jo : Oui c'est vrai... On peut dire que ce dîner, ce n'est pas ta fête !

Améthyste : Laissez-le le pauvre. Il n'est pas dans son assiette.

Bouli : Merci Améthyste, toi au moins tu me comprends.

Améthyste : Mais de rien mon Bouli, c'est normal...

Mama Binocla, à part : Je hais cette femme. Pourquoi fait-elle comme si mon fils était le sien ? Pour qui se prend-elle ? Je vais les lui remettre, moi, ses canines mals placées...

Pendant que Mama Binocla ronchonne dans son coin, Améthyste sourit et s'empare du ketchup. Daddi la regarde, admiratif, depuis quelques minutes.

Daddi, à part : Elle a du ketchup à volonté, elle qui adore tout ce qui ressemble ou a un rapport avec le sang, elle est servie, mon Améthyste qui sait parler aux enfants comme si c'était les siens.

Bouli, à part : Heureusement qu'Améthyste me comprend. Elle sait que Pétula me manque, comme ma mère... Chaque pensée envers Pétula me fend le coeur – je voudrais prendre un couteau et me fendre vraiment le coeur pour voir si c'est la même sensation en réalité qu'en sentiment. Les soirs d'hiver où elle était chez moi, chez Daddi ou chez Mama, j'avais l'impression d'être à côté d'un ange sous la lumière des guirlandes du sapin, avec son auréole en fausse fourrure et sa robe blanche.

Mama Binocla, Jo, et Améthyste, en choeur : Mais qu'est-ce que tu as Bouli ?

Daddi, pouffant : Bouli, mon garçon, si tu as envie de sortir, va t'aérer !

Mama : Oui, mon fils, vas-y. On te fait confiance !

Jo : Ne te jette pas...

Mama pose sa main sur la bouche de son mari tandis qu'Améthyste lui assène un coup de pied. Bouli sourit mélancoliquement.

Bouli : Merci Daddi, Merci Mama.

Les deux parents, en choeur : De rien mon chéri !

Bouli : Et je sortis. Je pris l'ascenseur jusqu'au dernier étage. Je vis un nuage bouger. Je m'y agrippai et m'envolai. Je criai tout d'un coup « Pétula ! j'arrive ! »

Daddi : Améthyste et moi, on lâcha nos fourchettes car on venait de voir Bouli s'envoler. On était bouche-bée.

Dans l'espace, du côté de Bouli , celui-ci tourne la tête et voit une étoile qu'il attrape.

Bouli : je m'accrochai à l'étoile pendant cinq minutes puis je sautai sur une planète ou je vis un petit gars blond avec une fleur et un arrosoir. Je reconnus le Petit Prince .

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